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L'Organisation maritime internationale (OMI) et le gazage du gaz naturel liquéfié (GNL)

Des manifestations coordonnées ont eu lieu aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, en France et au Canada à l'approche des réunions de l'Organisation maritime internationale (OMI) qui débutent aujourd'hui.

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Mise à jour 18/03/2024
COMMUNIQUÉ DE PRESSE

18 mars 2024 – Des manifestations coordonnées ont éclaté aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, en France et au Canada à l’approche des réunions de l’Organisation maritime internationale (OMI) qui commencent aujourd’hui. Nous soulignons l’urgence de dévoiler les pratiques trompeuses entourant le gaz naturel liquéfié (GNL), qui gagne en popularité dans l’industrie du transport maritime en tant que carburant « propre ».

Dans la seule Union européenne, la consommation de gaz naturel liquéfié (GNL) par les navires a doublé, passant de 2,2 millions de tonnes (Mt) en 2018 à 4,4 Mt en 2022. Cette montée en puissance est le résultat d'un marketing trompeur qui présente le GNL comme un carburant alternatif et propre. Les promoteurs du GNL induisent en erreur le secteur maritime et nous tous - c'est la lumière du gaz du GNL.

La lumière du gaz naturel liquéfié 

Les partisans du GNL utilisent des tactiques qui rappellent le "gaslighting", une forme de manipulation psychologique, pour semer le doute et la confusion autour de l'utilisation du GNL comme carburant pour le transport maritime. Ils financent de manière sélective la recherche et citent des études à l'appui de leurs affirmations, tout en discréditer les études qui mettent en évidence les risques environnementaux et sociaux du GNL. Ils rejettent également publiquement les voix dissidentes des communautés et des experts en les qualifiant d'"alarmistes" ou d'"obstructionnistes".

La vérité sur le GNL et le méthane

Le GNL est plus précisément décrit comme du gaz méthane fossile liquéfié - le GNL est composé de 85 à 95 % de méthane. Le méthane est un gaz à effet de serre puissant dont la durée de vie dans l'atmosphère est d'environ 12 ans, contre des siècles pour le CO2. Même si le méthane ne reste pas longtemps dans l'atmosphère, c'est un puissant gaz à effet de serre (GES) qui absorbe 84 fois plus d'énergie que le CO2 dans l'atmosphère.

Les émissions de méthane n'exacerbent pas seulement le réchauffement de la planète à court terme, mais diminuent également la qualité de l'air. En outre, l'augmentation de la demande de GNL - y compris dans le secteur maritime - entraîne des effets terrestres néfastes, tels que la pollution de l'eau potable, la réduction de la production agricole et l'augmentation des taux de mortalité prématurée.

Situation actuelle du GNL et du transport maritime

Entre 2012 et 2018, les émissions de méthane des navires alimentés au GNL ont augmenté de 150 % (Quatrième étude de l’OMI sur les gaz à effet de serre 2020). L’un des défis des émissions de méthane associées aux navires méthaniers est leur invisibilité. La campagne s’est associée à SkyTruth pour utiliser la technologie de cartographie afin d’illustrer l’augmentation du trafic maritime de GNL (voir la carte ci-dessous).

Cliquez ici pour agrandir la carte

Les émissions réelles de méthane provenant du transport maritime indiquent également que la contribution du secteur au changement climatique est plus importante que ce que l'on estimait jusqu'à présent. Malgré les effets négatifs sur le climat et l'environnement, le secteur du transport maritime devrait connaître une nouvelle croissance de la demande de GNL, avec l'ajout prévu d'environ 160 à 500 nouveaux navires alimentés au GNL chaque année jusqu'en 2030.

L'OMI doit adopter des réglementations strictes sur le méthane

Selon le GIEC (AR6)pour faire face à l'urgence climatique et à ses effets dévastateurs sur les populations, il faut s'attaquer d'urgence aux émissions de méthane à court terme. Les promoteurs du GNL éclairent les décideurs politiques en diminuant stratégiquement l'ampleur réelle des effets du GNL sur le climat et la santé, mettant en péril un avenir vivable sur cette planète.

L'Organisation maritime internationale (OMI) est l'organe des Nations unies chargé de réglementer le transport maritime international. Actuellement, il n'existe aucune réglementation internationale spécifique concernant les émissions de méthane des navires. Toutefois, plusieurs possibilités existent pour intégrer le méthane dans le cadre réglementaire de l'OMI lors de la 81e réunion du Comité de la protection du milieu marin (MEPC81), prévue du 18 au 22 mars.

Appels à l’action à l’OMI cette semaine :
  1. Les lignes directrices de l'OMI sur l'analyse du cycle de vie (ACV) : afin de rendre compte de l'ampleur réelle de l'empreinte du secteur maritime sur le méthane, le facteur d'émission par défaut pour le glissement du méthane doit être de 8,5 % au lieu des 3,5 % actuels de l'OMI.
  2. GHG Fuel Standard : le méthane doit être inclus de manière significative en tant que solution à moyen terme dans le GHG Fuel Standard de l'OMI en cours d'élaboration.
  3. Stratégie de réduction des GES de l'OMI : pour aller au-delà d'une approche centrée sur le CO2, les normes d'efficacité et le prix des émissions doivent inclure d'autres GES tels que le méthane.
Citations

"Le transport maritime mondial est confronté à un moment critique dans la lutte contre la crise climatique. Nous devons choisir entre de fausses solutions comme le GNL ou une véritable voie sans émissions pour s'aligner sur une trajectoire de 1,5 degré. Le Canada doit appliquer la même approche au niveau national qu'au niveau international. Alors que le Canada s'est engagé à atteindre des objectifs ambitieux de réduction des GES dans le cadre de l'OMI, il continue d'investir dans des mégaprojets de fracturation et de soutage du GNL, qui bloquent les émissions de méthane, créent des actifs inutilisés et détournent les investissements des solutions à zéro émission. Il est temps d'aligner les actions du Canada sur ses ambitions internationales et de cesser de soutenir le GNL. Une approche à deux visages de la crise climatique ne fait que générer des paroles en l'air sans action réelle.

- Andrew Dumbrille, responsable de la campagne au Canada, Say No to LNG (Dites non au GNL)

"Nous connaissons depuis des années les dangers des fuites de méthane lors de l'extraction, du traitement et de l'utilisation du GNL. Pourtant, des entreprises de combustibles fossiles comme ExxonMobil et Shell s'emploient activement à faire passer le GNL pour un combustible "vert" et à engranger des bénéfices scandaleux, alors que nous payons pour les dégâts causés à notre climat et à notre santé. Pourquoi acceptons-nous cela ? Notre planète se dirige vers une catastrophe climatique et notre temps est compté. Nous devons demander des comptes à ces entreprises et exiger l'arrêt total de l'utilisation et de l'investissement dans le GNL.

- Daan van Meurs, porte-parole, Extinction Rebellion Rotterdam

"Il s'agit du gaz naturel liquide ou GNL. C'est un combustible fossile. Le GIEC des Nations unies nous a avertis que nous devions réduire l'utilisation des combustibles fossiles. En quoi le fait de construire des infrastructures pour utiliser davantage de combustibles fossiles nous aide-t-il ? Le GNL n'est pas une solution, c'est de la folie. Les gouvernements doivent cesser d'écouter l'industrie et commencer à écouter les scientifiques, qui disent tous la même chose : RÉDUIRE L'UTILISATION DES ÉNERGIES FOSSILES.

- Andrew Darnton, porte-parole, Ocean Rebellion

"Depuis plusieurs années, on assiste à un véritable écoblanchiment dans le secteur des transports. Pour les voitures, il s'agit des voitures électriques à zéro émission, pour les avions, du carburant aviation durable et pour les bateaux, du GNL ! Mais de plus en plus d'études montrent que le GNL n'est pas meilleur que le pétrole si l'on prend en compte l'ensemble de l'ACV. Il est regrettable que des institutions telles que l'Union européenne continuent à financer de tels bateaux. Nous devons faire entendre la voix des scientifiques encore et encore. Paradoxalement, l'Union européenne exhorte les agriculteurs à réduire leurs émissions de méthane, ce qui est bien sûr une bonne chose, mais comment pouvons-nous leur demander d'agir alors que nous finançons les propriétaires de bateaux pour qu'ils passent au GNL, qui émet plus de méthane... Choisir des vaches pour faire des démonstrations est un bon moyen de souligner cette incohérence".

- Gwénaëlle Ménez, porte-parole, Stop Croisières Marseille

Alors que le secteur du transport maritime enregistre une hausse remarquable de l'adoption du GNL, il est temps de faire la lumière sur le mythe selon lequel le GNL est un carburant "respectueux du climat" ou "intermédiaire" dans notre transition énergétique. Ne nous voilons pas la face : Le GNL n'est pas le conte de fées respectueux du climat que certains décrivent. Il est principalement composé de méthane, un gaz à effet de serre puissant responsable d'environ 30 % du réchauffement de la planète. Pendant trop longtemps, le méthane est resté dans l'ombre de la réglementation climatique du transport maritime centrée sur le CO2. Alors que nous nous préparons pour les réunions cruciales de l'OMI MEPC81 (18-22 mars), les réglementations doivent prendre en compte les émissions de méthane tout au long du cycle de vie du GNL".

- Elissama Menezes, directrice mondiale, Say No to LNG (Dites non au GNL)

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Dites non au GNL est une campagne mondiale qui mobilise les parties prenantes en faveur d’une industrie du transport maritime sans combustibles fossiles. La campagne soutient les solutions de décarbonisation du transport maritime qui adoptent une approche axée sur le cycle de vie, vont au-delà des solutions de carburant, y compris les mesures opérationnelles et d’efficacité, respectent les engagements internationaux en matière de climat et s’alignent sur une transition juste et équitable.

Pour plus d’informations, rendez-vous sur www.saynotolng.org.

Pour les demandes de renseignements des médias, veuillez contacter Rachel Wang à l'adresse [email protected].

Crédit illustration : Jack Cowley